Peinture
Raoul Dufy
J'avais vu "Le futurisme" (mouvement italien) à Beaubourg, manifeste violent de couleurs jetées à la figure comme autant de pavés dans la mare des conformismes (ou prétendus tels) des XIXè et début XXè S. Un cri sans doute indispensable mais d'où l'on ressort assommé (normal ! direz-vous avec des pavés dans la g. !)
Quel bonheur en revanche de rencontrer Raoul Dufy après cela ! Chacun connaît ses plages normandes, ses champs de courses, ses gaies aquarelles gouachées que certains beaux esprits chagrins ou trop snobs veulent nous faire mépriser.
Pourtant, des premières audaces (Les pêcheurs à l'ombrelle rouge -1907 - flaque bleue omniprésente - la seule vraie couleur, disait-il - ponctuée d'une osée petite touche de rouge) aux références à Cézanne, Braque, Matisse ou Marquet (Le café à l'Estaque - 1908) et jusqu'aux études sur "les cargos noirs", que de tentatives pour faire évoluer sa peinture vers des horizons neufs (avec une fidélité revendiquée pour ses couleurs privilégiées d'ancien Fauve) !
Dufy, peintre certes mais graveur, décorateur, céramiste, graphiste, créateur de tissus...
Mon coup de coeur : les gravures sur bois (mon faible) illustrant "Le Bestiaire ou le cortège d'Orphée" de G. Apollinaire. Les animaux s'immergent dans une nature exubérante (cf. Le Douanier Rousseau ?), s'y fondent pour s'intégrer au décor végétal. Un chef-d'oeuvre rare... à faire fantasmer tout bibliophile !
Et, en apothéose de la visite, la Fée Electricité, fresque de 60mx10m, fabuleuse traversée du temps "électrique" (Commande pour l'Expo de 1937, visible en permanence dans ce même musée).
Voilà ! C'était, par un très gris et hivernal dimanche matin, une plongée joyeuse et pétillante de couleurs dans un monde de gaîté et d'optimisme.
Expo : Raoul Dufy - Le plaisir Musée d'art moderne de la Ville de Paris